Des jardins qui transcendent les époques | The Ismaili Canada

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Des jardins qui transcendent les époques

L’architecte paysagiste, Vladimir Djurovic, sur son expérience dans la conception du Parc Aga Khan de Toronto

Par
Gazalla Hirji
Published September 30, 2020
Le Parc et le Musée Aga Khan. Crédit : Janet Kimber/Le Musée Aga Khan.

Lorsque la conception du Parc Aga Khan de Toronto a été confiée à l’architecte paysagiste libanais Vladimir Djurovic en 2005, Son Altesse l’Aga Khan l’a envoyé visiter des exemples de jardins et d’architectures islamiques dans le monde entier, allant de Fatehpur-Sikri en Inde à l’Alhambra en Espagne. Même si l’architecte est installé au Moyen-Orient et qu’il est reconnu pour l’aménagement d’espaces urbains qui permettent aux gens de connecter avec la nature, il n’avait jamais dessiné le plan d’un jardin islamique auparavant. La tournée et les travaux de conception du Parc Aga Khan ont été des expériences transformatrices pour Vladimir Djurovic. Elles ont influencé « chacun des projets » qu’il a entrepris depuis l’inauguration du parc en mai 2015, dit-il.

Gazalla Hirji, la rédactrice artistique de The Ismaili Canada, s’est entretenue avec l’architecte pour parler de son expérience de la conception et sur la façon dont le parc rassemble les gens. L’entrevue a été modifiée par souci de concision et de clarté.

Vladimir Djurovic. Crédit : Offert à titre gracieux par Vladimir Djurovic.

Quelle a été votre approche pour la conception d’un parc inspiré par l’esthétique islamique dans un climat nord-américain?

Vladimir Djurovic : Quel que soit le continent, les jardins islamiques ont toujours été adaptés au contexte et à la culture environnants. Il nous fallait transposer cette nouvelle adaptation au contexte nord-américain. Nous avons entrepris de longues recherches sur les jardins islamiques du monde entier : ce qui les rend uniques et ce qui les unit. Et ensuite, bien entendu, nous avons mené de nombreuses recherches sur le climat et l’environnement, les matériaux, la végétation et les normes de construction au Canada, car il fallait adapter le jardin au climat nord-américain.

Dans le cadre de vos recherches, vous avez visité des jardins islamiques partout dans le monde. Comment ces jardins ont-ils influencé votre aménagement du parc?

V. D. : Lorsque Son Altesse m’a envoyé faire la tournée des jardins islamiques autour du monde, j’ai pu voir des jardins qui avaient été aménagés il y a des centaines d’années. J’ai vu des projets qui ont résisté au temps et qui ont perduré pendant des générations. C’est ce que nous cherchions à recréer. En nous inspirant de ces jardins islamiques classiques, nous en avons tiré ce qui nous semblait être la véritable essence et l’avons transposé sous une forme qui crée un lien avec ce nouveau contexte.

Je me souviens être assis dans le jardin à l’extérieur du tombeau d’Humayun à New Delhi, le dernier arrêt de ma tournée, et j’ai été frappé par la beauté spectaculaire du lieu, des centaines d’années après sa construction. Et sa simplicité aussi. Composé de simples canaux de sable et d’eau, et de lignes géométriques pures, l’ensemble se révèle nettement plus impressionnant que ses différents éléments. C’était de la poésie. Si vous alliez ajouter quelque chose, il serait détruit, et si vous alliez enlever quelque chose, l’ensemble s’effondrerait.

Donc, dans le Parc Aga Khan, ces quelques éléments, l’eau, le gravier et le verger, sont aménagés d’une certaine façon pour que le jardin exerce sa fascination sur vous et vous transporte loin de l’enchevêtrement de routes qui vous entoure. Et le contexte se révélait difficile : le parc est situé tout juste au bord de l’autoroute. Le jardin devait manifester sa présence d’une certaine façon et charmer les visiteurs. Son aménagement géométrique audacieux, réunissant cinq principaux plans d’eau, un verger d’arbres fruitiers indigènes au milieu, le tout entouré par des étendues de gravier meuble, crée une atmosphère de sérénité et de contentement pour tous. Il s’agit d’une réinterprétation contemporaine des jardins islamiques.

Des rangs d’amélanchiers créent un espace de tranquillité propice à la contemplation au sein du Parc Aga Khan. Crédit : Ben Mark Holzberg/Le Musée Aga Khan.
Tombeau d’Humayun. Crédit : Christian Richters/Le Réseau Aga Khan de développement.

Comment avez-vous fait pour incorporer des touches écologiques dans votre aménagement?

V. D. : Le parc a été construit et conçu pour résister à l’épreuve du temps. Nous avons utilisé du granit massif pour une durabilité maximale et avons intégré des espèces indigènes. Le sol est recouvert d’une couche de gravier meuble qui absorbe l’eau et permet de réalimenter la nappe phréatique. 

Le jardin classique est entouré actuellement par de la pelouse, mais, dans notre vision initiale du parc, cet espace devait accueillir un jardin botanique de plantes indigènes pour accroître la sensibilisation à l’importance de la biodiversité. Nous avons l’intention d’aménager ce jardin dans un avenir rapproché.

Le mois de mai 2020 a marqué le cinquième anniversaire de l’inauguration du parc. Quel rôle joue ce parc au Canada? Comment voyez-vous ce rôle évoluer au cours des cinq ou dix prochaines années?

V. D. : Le parc est d’abord et avant tout un endroit inclusif qui réunit les gens pour célébrer la diversité et la richesse des cultures. Il met en valeur la culture islamique, son évolution constante et son adaptabilité à des époques et à des endroits différents. Le parc joue un rôle essentiel dans la situation actuelle. Il y a un besoin pressant de réunir les gens et de faire face aux défis environnementaux croissants. Le parc est encore neuf, et sa position reste encore à trouver. Nous devons aller plus loin avec plus de programmation novatrice qui rassemble plus de culture, plus d’art et plus de gens.

Les visiteurs en tournée au parc Aga Khan. Crédit : Le Musée Aga Khan

En quoi vos travaux récents ont-ils été influencés par votre expérience de la conception du parc et de la collaboration avec Son Altesse?

V. D. : Son influence a été d’une grande importance, c’est le moins qu’on puisse dire. Tout ce que nous réalisons maintenant est modelé d’une manière ou d’une autre par notre lien avec Son Altesse. Voir sa vision de ce qu’un projet devrait faire a transformé notre façon de faire les choses. Il nous a demandé de concevoir quelque chose qui résiste à l’épreuve du temps, ce qui a radicalement transformé notre façon de travailler. Maintenant, nous ne bâtissons plus uniquement pour le présent. Chaque projet que nous concevons est conçu pour durer pendant des générations.

Son Altesse souligne aussi que les projets doivent avoir un impact sur la communauté, et celui-ci doit se répercuter au-delà du projet lui-même. Chaque projet doit se révéler exemplaire à cet égard. Cela est devenu une partie intégrante de notre approche pour chaque projet.

 

Cet article a été publié à l'origine dans le numéro d’été 2020 de The Ismaili Canada. 

 

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