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Une ambassadrice des arts

Zainub Verjee, lauréate du Prix du Gouverneur général, réfléchit sur le statut de l’artiste

Par
Haseena Jamal
Published October 23, 2021
L’œuvre Status of the Artist a ouvert l’exposition des œuvres des lauréats des Prix du Gouverneur général 2020. Crédit : Jason Baerg/Art Gallery of Alberta

Lorsque la COVID-19 a frappé, l’artiste Zainub Verjee a été confrontée à un défi inattendu : elle a dû installer des œuvres d’art de son domicile à Toronto à l’Art Gallery of Alberta à Edmonton, le tout dans le cadre d’une exposition présentant les œuvres des lauréats 2020 des Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques. Afin de parcourir virtuellement la galerie et d’y présenter ses œuvres, Mme Verjee a travaillé avec la conservatrice de l’exposition au moyen d’appels vidéo WhatsApp et Zoom. Elle faisait partie des huit artistes canadiens qui ont reçu le prix.

The Status of the Artist, l’une des œuvres de Mme Verjee, a ouvert l’exposition, invitant les visiteurs à réfléchir au rôle des artistes dans la transmission de l’espoir. « La société doit reconnaître qu’abandonner l’artiste, c’est aussi abandonner l’espoir, et ce lieu d’imagination pour que quelque chose de très différent dans le monde soit—c’est ce qu’apportent les artistes », affirme-t-elle.

Utilisant les arts visuels et médiatiques comme outil pour susciter un changement social positif, Mme Verjee a mené une carrière artistique très polyvalente : elle est à la fois administratrice culturelle, ambassadrice, critique, directrice de galerie et artiste. Elle a reçu le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques 2020, dans le cadre d’un concours évalué par les pairs, pour sa contribution exceptionnelle à la conception de la politique culturelle.

Zainub Verjee à la remise des prix 2020 de l'Association Ontarienne des Galeries d’Art (AOGA). Photo : courtoisie de Zainub Verjee

Née à Nairobi, au Kenya, Mme Verjee a fréquenté un pensionnat en Angleterre où elle s’est adonnée à diverses formes d’art, notamment les œuvres chorales, l’opéra, le théâtre, la musique, les arts visuels et l’artisanat. Au début des années 1970, une époque stimulante pour la culture et la technologie, l’artiste s’est installée à Vancouver, où elle a obtenu un diplôme en gestion et en économie à l’Université Simon Fraser. L’arrivée de la Sony Portapak, une caméra vidéo portable ayant fait son apparition sur le marché en 1967, a rendu le tournage de films plus abordable et plus accessible. Divers artistes, ainsi que Mme Verjee, ont choisi d’utiliser ce médium pour raconter leurs histoires.

En 1977, Mme Verjee a joué dans une pièce de théâtre au pénitencier fédéral de Matsqui, à Abbotsford, en Colombie-Britannique. Réalisée par les Institutional Theatre Productions en partenariat avec l’Université de Victoria, la pièce s’inscrivait dans une initiative visant à soutenir les détenus pour l’obtention de diplômes. Elle se rendait chaque semaine à la prison pour les répétitions. Ron Sauvé, l’un des détenus qui jouaient à ses côtés, a décroché un baccalauréat ès arts pendant son incarcération. Après avoir été libéré à la fin des années 1980, il est devenu directeur artistique des Institutional Theatre Productions. Il a fait connaître la compagnie au grand public en vue de permettre la réhabilitation d’autres détenus et ex-détenus au moyen du théâtre, se souvient-elle. 

« L’art a le pouvoir de nous faire réfléchir, de s’interroger sur le monde dans lequel nous vivons, de nous inciter à agir et à trouver notre voie », déclare-t-elle en s’exprimant sur cette expérience dans la vidéo de son portrait du Prix du Gouverneur général

Une affiche du festival In Visible Colours. Crédit : Nora Patrich (courtoisie de Zainub Verjee)

L’utilisation de l’art comme outil de transformation sociale est un thème récurrent dans la carrière de l’artiste. En 1987, elle a commencé à travailler comme responsable de la distribution à la Women in Focus Society, un centre d’arts médiatiques féministe de Vancouver, après avoir remarqué qu’aucune œuvre de femme de couleur ne figurait dans la collection de distribution de la société. C’est ce qui l’a incitée à cofonder en 1989 In Visible Colours, un festival présentant plus de 100 films et vidéos réalisés par des femmes de couleur originaires de 28 pays. L’événement a rassemblé 75 délégués internationaux et a été reconnu pour avoir mis en lumière les diverses expériences des femmes de couleur.

Zainub Verjee sur la couverture de l’édition de janvier/février 1991 de Front Magazine. Crédit : Chick Rice/Western Front Society (courtoisie de Zainub Verjee)

Au cours des décennies qui ont suivi, Mme Verjee a continué d’intégrer la politique à sa carrière et à promouvoir l’équité raciale dans les espaces culturels du Canada. Dans les années 1990, elle a été à la tête de Western Front, un centre d’art et de musique contemporains à Vancouver, et a joué un rôle déterminant dans la création du British Columbia Arts Council. Elle a ensuite déménagé en Ontario, où elle a travaillé sur les premières initiatives d’arts numériques au ministère du Patrimoine canadien et au Conseil des arts du Canada. Elle a également mis en place la division de la culture de la ville de Mississauga, en plus de créer son premier plan directeur pour la culture.

Depuis les attentats du 11 septembre, à travers son travail, Mme Verjee explore son identité musulmane et les défis que représente l’islamophobie. Elle a également mis en évidence la manière dont les arts peuvent lutter contre l’extrémisme. En 2014, elle a porté ces questions à la Table ronde transculturelle sur la sécurité du gouvernement fédéral afin d’inviter les Canadiens à s’interroger sur les questions de sécurité nationale. Dans ses écrits, elle a fait valoir que les événements culturels, tels que le MuslimFest à Mississauga, peuvent contester et contrer les récits négatifs et les stéréotypes occidentaux sur les identités des Canadiens musulmans.

Aujourd’hui, directrice générale de Galeries Ontario / Ontario Galleries, Mme Verjee continue de défendre le statut de l’artiste. En juillet, elle a participé à la rédaction d’une lettre ouverte demandant au gouvernement fédéral de mettre en place un revenu de base permanent. La lettre a souligné que la pandémie avait accentué la précarité économique des travailleurs des secteurs culturels.

Mme Verjee n’hésite pas à mettre en lumière une crise. « [L’art, c’est une question] d’idées. C’est guider les gens vers le prochain niveau, vers la prochaine possibilité », explique-t-elle. 

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