Trois jours après la mort de Floyd, Alia Jeraj, éducatrice à Minneapolis, a écrit une lettre ouverte dans laquelle elle exhorte ses consœurs et confrères ismailis à participer à la lutte contre le racisme. Sa lettre a fait le tour des médias sociaux. Lorsqu’elle est parvenue à Salima Versi, psychothérapeute à Edmonton, cette dernière a répondu à l’appel. En collaboration avec trois autres personnes, Mme Versi a créé un cours de lutte contre le racisme destiné aux membres de la communauté ismailie.
Mme Versi fait partie d’un groupe croissant d’ismailis engagés politiquement qui luttent contre le racisme qui les entoure. Partout au Canada, ces volontaires et professionnels soutiennent le mouvement de lutte contre le racisme en cherchant à faire évoluer les attitudes des membres de la famille, des amis, des collègues et de la société en général.
Le mouvement Black Lives Matter (BLM) qui a attiré l’attention sur les violences policières et les fusillades mortelles contre les personnes noires aux États-Unis depuis 2013, en plus d’avoir suscité un activisme mondial, a inspiré ces acteurs du changement. Au Canada, les militants du mouvement BLM se sont concentrés sur la violence policière envers les communautés noire et autochtone, et ont incité les Canadiens à parler plus ouvertement des questions raciales. Le mouvement antiraciste dénonce le racisme systémique, c’est-à-dire la manière dont les institutions et les pratiques culturelles créent et renforcent les inégalités raciales. Le racisme systémique peut être explicite, comme dans le cas d’une loi refusant le droit de vote à un groupe racial, ou plus discret, comme un processus d’embauche ou d’admission qui favorise subtilement certains groupes par rapport aux autres.
« Il existe un réel désir d’examiner comment nous traitons ces questions [en tant que musulmans ismailis] », déclare Taleeb Noormohamed, membre du Social Justice Task Force (SJTF) du Conseil Aga Khan pour le Canada.
Formé à la suite des manifestations du mouvement BLM en juin 2020, ce groupe de travail vient prolonger les efforts du portfolio Diversity and Inclusion du Conseil, en travaillant à créer un dialogue sur l’équité et la justice dans le contexte de la tradition et des institutions ismailies. Le groupe a organisé des tables rondes sur l’équité, l’inclusion et la justice sociale afin d’inspirer le changement.
« Nous les considérons comme des espaces organisés plus sûrs où nous pouvons avoir ces conversations et peut-être nous engager dans ce que nous appelons un "malaise productif" », explique Shelina Kassam, spécialiste des questions raciales à l’Université de Toronto et membre du groupe de travail.